• « C'est bon, ça enregistre. Bien, vas-y ...
    _ Je m'appelle Jade
    _ Quel âge as-tu ?
    _ J'ai 8 ans, enfin demain j'aurai 8 ans
    _ Très bien Jade, raconte nous ce qu'il s'est passé exactement.
    _ Je dois tout vous dire ?
    _ Absolument tout.
    _ Mais j'étais petite ...
    _ Peu importe le temps que cela nous prendra, nous devons tout savoir.
    _ D’accord ... »

    La petite fille blonde aux iris brunes pencha la tête vers la table, et ferma les yeux. Elle prit quelques secondes, pour essayer de retrouver ces souvenirs lointains, mais cruciaux. Personne n'intervint. Ils savaient qu'il lui fallait du temps pour se rappeler de ce qu’il s’était passé quelques années auparavant. Ses frêles mains sales atteignirent ses joues creusées pour effacer quelques larmes chaudes qui filaient discrètement le long de son visage endolori depuis qu’elle était sortie de cet enfer. Puis elle releva la tête, prit une grande inspiration, et commença son récit, les yeux toujours clos.

    « On vivait avec mes parents dans un petit village du Nord. Nous avions un chien, Ghost, je l'aimais énormément. J'avais 5 ans, et tout allait bien ... »

    *Flashback*

    « Ghoooooost ! »

    Le chien arrivait tellement vite vers moi que je restai complètement figée, de peur qu'il ne me fauche sur son passage ! Mais Ghost était un chien très gentil, et il m'esquiva au dernier moment, sans même me toucher !

    « C'est bien mon chien t'es beau !
    _ Jade ! Tu rentres ma puce, on va manger !
    _ Oui maman ! »

    Ma maman était blonde comme moi, mais elle avait les yeux bleus. Maman me disait toujours que j’avais les yeux bruns de papa. Je voudrais lui ressembler plus tard. J'aimais aussi beaucoup quand elle m'appelait ma puce, ma princesse ou mon trésor. Elle était tellement gentille que parfois j'aimais bien lui faire quelques farces, mais je savais qu'elle ne me punirait pas parce qu'elle aimait bien les farces ma maman !

    « Tu as rentré Ghost ?
    _ Oui papa !
    _ Aller, à table ! »

    Papa avait les cheveux bruns comme ses yeux, et même si son visage était dur et un peu rouge parfois, il était gentil aussi mon papa.


    C'était mercredi, j'allais pouvoir en profiter pour jouer avec Ghost tout l’après-midi. Ou peut-être dans ma chambre, avec mes poupées. Je réfléchissais au programme de ma demi-journée, quand papa fît une remarque à maman :

    « Elisabeth, sérieusement, j'en ai ras le bol de bouffer toujours la même chose !
    _ Ne parle pas comme ça devant Jade ! Et puis si tu n'es pas content fais toi-même la cuisine !
    _ Bah bien sûr ! A part des pâtes et du jambon c'est tout ce qu'il y a ici ! Ça m'avancerait vachement de faire la cuisine à ta place pour faire la même chose !
    _ Et bien Paul tu n’as qu’à faire les courses ! Avec le peu de moyens qu'on a c'est tout ce qu'on peut s'acheter je te signale !
    _ Nan mais tu rigoles là ?!
    _ Trouve du travail, et je pourrais t'acheter du saumon tiens ! »

    Papa et maman se disputaient de plus en plus souvent, et ils ne se cachaient même plus. Parfois je les surprenais, alors que je n'aurais pas dû les voir se hurler dessus. Mais maintenant, ils ne prenaient plus cette peine, et je devais les écouter ... Alors quand ils se mettaient à crier j'essayais de ne plus y faire attention, je pensais à mon dessin que j'avais fait à l'école, ou à mon nounours et à ce qu'il pouvait bien faire quand je n'étais pas là. Mais cette fois, leur dispute ne s'arrêtait pas. Je ne mangeais plus, je n'avais plus faim. J'avais envie de pleurer. Je n'aimais pas voir papa et maman en colère, et aujourd'hui j'avais l'impression que ça n'en finissait pas.

    « Et bien puisque c'est comme ça tu prends ta valise, ta gosse et tu te casses de MA maison !
    _ Ta maison Paul ? TA MAISON ? Nan mais là c'est la meilleure ... ! »

    Je ne sais pas pourquoi ils parlaient de maison, peut-être qu'ils voulaient déménager ... Mais alors pourquoi crier pour ça ? Et puis c'est quoi un « gosse » ?

    « Tu veux que je parte avec Jade ? Tu nous fous à la rue, ta femme et ton enfant ? Et tu ne culpabilises pas ?
    _ Aucunement, tu sais très bien que cet enfant je ne l'ai jamais voulu, c'est toi qui m'a mis la corde au cou ! Alors maintenant je te rends la monnaie de ta pièce, démerde toi avec tes conneries !
    _ Et bien on dirait que c'est le jour des aveux ! Saches que ce n'est même pas ta fille espèce d'enfoiré !
    _ Quoi ?? Tu m'as trompée en plus ! Sors d'ici sale garce ! Prends ton gosse et son chien, et ne remets jamais plus les pieds ici ! »

    Pourquoi parlent-ils de Ghost maintenant ? C'est étrange. Papa est tout rouge. Il me fixe. Et maman est partie en courant à l'étage. La dispute est enfin terminée. Ouf, mes oreilles commençaient à chauffer ! Je me lève et vais prendre un yaourt dans le frigo. Papa me suit du regard. Quand je me rassois je vois ses yeux tous mouillés.

    « Tu pleures papa ? »

    Papa se lève brusquement sans un mot, et va dans le salon. Je crois que c'est une mauvaise journée.


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  • Mon premier bébé, ma première histoire, mon premier projet. Il est désormais bel et bien ... publié !

    Difficile à croire, j'ai dû actualiser la page plusieurs fois, mais non non, mes mots sont sur du vrai papier, comme j'en ai souvent rêvé !

    Parce qu'un rêve se réalise ...

    Un immense merci à tous ces internautes des réseaux sociaux, car ce sont eux, et seulement eux qui m'ont poussé à écrire, qui ont lu mes premières lignes maladroites, qui ont critiqué ou complimenté mon travail. Ce sont eux qui y ont cru pour moi. Et c'est bien à eux que je dois dédier ce premier livre.

    Et puis un peu à "Lui" aussi, mon lui, qui m'a soutenue dans le projet fou de faire publier mes manuscrits. Il m'a donné le coup de pied aux fesses qui me manquait pour me lancer.

    Bref, j'en suis encore émue et j'ai tellement hâte de recevoir les exemplaires que j'ai commandés !!!

    (au fait, vous pouvez le retrouver ici : Lucie)


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  • Sa présence me questionne. Je m'approche puis me retire, pour la voir de plus près. Elle me fixe, les yeux sur l'horizon.

    Impassible jeune fille aux cheveux d'or qui m'observe depuis le matin, par quoi es-tu aussi fascinée ? Mon écume iodée, la puissance de mes vagues ou ma profonde couleur azur ?

    Quoique tu admires, saches que ta présence m'apaise. Ta candeur et ta grâce sont aussi captivantes que je peux l'être. Mais je suis loin de saisir la tempête qui fait rage au sein de ton âme.

    Telle mon eau frémissante lorsque le vent vient me frapper, tes vagues intérieures sont bien plus violentes que les miennes. Elles engloutiraient sans effort le plus prudent des marins. Comment peut-on être à ce point submergée ? Je ne pourrais jamais le comprendre.

    Alors reste là tant qu'il le faudra, et jette en moi toute la haine que tu ne peux contenir, car je suis la seule capable de m'en imprégner, pour la rejeter à mon tour. Et même si je fais bien plus de dégâts que toi lorsque je m'emporte, je saurais que quelque part, l'âme de la jeune fille aux cheveux d'or s'est assagie.

    | 04.12.15 |


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  • Je suis rentré, et la seule chose que j'ai trouvé c'est un morceau de feuille déchiré sur lequel tu as laissé une trace. La mémoire de tes lèvres sucrées, imprimées sur ce chiffon froissé. Alors voilà, c'est tout ? Tout ce qu'il me restera de toi ? Pas un mot, pas une explication, juste le souvenir de ta bouche plaqué sur ce papier, comme un baiser d'adieu que tu ne m'aurais jamais donné. Et tu espères me contenter avec ça ? Comment peut-on disparaître sans prévenir, et se dire qu'un petit stigmate de son passage suffira pour se faire pardonner d'une absence injustifiée ?

    Je t'en veux, mais au fond, je crois que tu as raison. Tu savais pertinemment que je n'aurais pas le courage de te courir après. Et puis cela vaut mieux que mille paroles déplacées, qu'une dispute assourdissante et un claquement de porte. Tu ne laisses qu'une évocation de nos meilleurs moments en guise d'au revoir, comme si tu ne voulais pas ternir l'image de notre histoire. Finalement, ce message est le coup de grâce qui sublime une relation trop imparfaite ; et je t'admire pour ça.

    | 04.12.15 |


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  • J'ai peur. Il fait si noir. Et j'ai froid aussi. Même si l'endroit est petit il n'y fait pas chaud pour autant. Je pourrais essayer de prendre une petite couverture quand je pourrai sortir.

    Où est belle maman ? Je ne sais plus depuis combien de temps il m'a jeté là-dedans, j'espère qu'elle arrivera bientôt. J'entends la télévision. Il regarde encore son match. Au moins je suis tranquille, tant qu'il est occupé, il ne vient pas me voir.

    J'ai si faim. Mon ventre réclame. Il n'y a rien dedans depuis que belle maman m'a donné un gâteau en cachette hier soir. Peut-être que si j'ouvrais discrètement la porte ... Le placard n'est qu'à un ou deux pas.

    Mais est-ce qu'elle peut s'ouvrir au moins cette porte ? Je n'ai jamais essayé malgré tout le temps que j'ai passé ici. Ah non, elle est fermée. Il n'y a que lui qui peut l'ouvrir, il me l'a bien assez dit pour que je m'en souvienne, je ne sais même pas pourquoi j'ai oublié.

    J'entends belle maman qui arrive. Il se lève. Je vais enfin sortir ! Il est en colère, il crie contre belle maman. Oh belle maman pleure ! Non belle maman, il ne faut pas pleurer, tu sais bien qu'il n'aime pas ...

    Je n'entends plus belle maman. Mais je l'entends lui, il s'approche. J'ai peur belle maman. Mais promis je ne vais pas pleurer.


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